L’Est-ô-Maqué

L’Est-Ô-Maqué

Une gamme d’aliments solidaires de proximité.

Né en 2020, le projet l’Est-Ô-Maqué (EOM) qui s’inscrit dans l’appel à projets de la Direction régionale de Santé publique de Montréal, Innover pour améliorer l’alimentation des Montréalais vulnérables, a pris fin en 2022. Ce projet avait pour objectif de créer une gamme de produits alimentaires (croquettes de légumes congelés) en augmentant la consommation de légumes de la population de l’est de Montréal tout en mutualisant les expertises et les infrastructures du territoire.

Un comité de coordination a permis de gérer le projet et de rassembler des partenaires (organisations terrain, institut de recherche en enseignement supérieur, institution publique), parties prenantes dans la concrétisation du projet.

L’approvisionnement

Le projet l’Est-Ô-Maqué (EOM) a été confronté à des défis d’approvisionnement des légumes de fournisseurs. L’un des facteurs les plus importants se retrouvait dans la disponibilité des légumes pour permettre la récupération de ceux-ci.

L’absence de données de la part des fournisseurs et distributeurs de fruits et légumes concernant leurs pertes est ce qui engendre des incertitudes dans l’approvisionnement de légumes pour les transformateurs de croquettes.

L’expertise des partenaires de production et de transformation a été mise de l’avant pour répondre aux besoins du projet.

La commercialisation et la distribution

Après de longs mois de travail, le positionnement final de la gamme de produits est fixé : 30g après cuisson, 12 unités par sac-portion. Le produit final est composé d’au moins 60% de légumes. Trois recettes de croquettes de légumes congelés sont développées, les Orange, Jaune et Verte.

Les partenaires pour les phases de réflexion, dégustation, commercialisation et distribution de croquettes en tarification sociale sont :

  • La Cuisine collective d’Hochelaga-Maisonneuve (CCHM)
  • La Dépannerie
  • L’Épicerie Solidaire de Rosemont
  • Le Magasin partage de Rosemont
  • Le Carrefour populaire Saint-Michel

Un plan de distribution et de commercialisation a été mis en place après évaluation de la meilleure stratégie de vente selon le contexte et les besoins de la clientèle identifiée. Pour cela, des dégustations proposées aux potentiels consommateurs, accompagnées d’un sondage de leur préférence, ont permis d’ajuster la gamme de l’EOM (recette et prix).

La synergie avec le partenaire de stockage de produits congelés et de transport, Pôle Logistique Alimentaire et Nutrition – Bouffe-Action de Rosemont, permettait de définir et de développer le circuit de distribution. L’un des objectifs du projet étant de renforcer la concertation pour résoudre l’insécurité alimentaire, la réussite en termes de mutualisation est l’une des fiertés du projet.

L’incursion des croquettes dans le marché a eu lieu entre octobre et novembre, avec un fort potentiel sur le marché. Ce type de mise en marché a été facilité grâce à 3 dispositifs d’écoute des attentes et besoins de la population:

  • une étude de marketing opérationnel
  • une enquête sur les habitudes de consommation
  • des entrevues téléphoniques.

Nous avons offert, aux personnes qui vivent l’insécurité alimentaire, une gamme de produits haut de gamme, qui leur est directement destinée, en les considérant comme des consommateurs à part entière.

De par sa nature ambitieuse, ce projet a permis une diversification de l’offre de produits alimentaires dans le réseau d’épiceries solidaires ainsi que dans la distribution des divers comptoirs alimentaires et paniers de Noël des magasins partage qui y ont inclus les croquettes.

La contribution de l’Est-Ô-Maqué à l’amélioration de la sécurité alimentaire des personnes qui vivent l’insécurité alimentaire:

Inclusion

À travers la production des croquettes chez deux partenaires de transformation, soit le Groupe Part et Multicaf qui intègrent dans leurs programmes des personnes qui vivent en situation d’insécurité alimentaire. Que ce soit au niveau de l’insertion socioprofessionnelle de personnes aux prises avec un trouble de santé mentale ou d’ordre psychosocial ou l’insertion par l’apprentissage du métier d’aide-cuisinier, les deux organisations participent activement au transfert de connaissances concernant l’alimentation ainsi qu’à la sécurité alimentaire.

Diversification

Les personnes vivant avec des enjeux de sécurité alimentaire dans l’Est de Montréal ont eu accès à 13600 croquettes de légumes provenant du projet, réparties dans 15 organismes différents.

Elles sont divisées en 3 recettes: 4000 croquettes vertes, 7000 croquettes oranges et 2600 croquettes jaunes.

Accessibilité | Vente et dons

L’Est-ô-Maqué

La vente de 11% de la production totale soit 1600 croquettes réparties dans 5 lieux pour diversifier leur offre de produits : La Dépannerie, L’Épicerie Solidaire de Rosemont, la CCHM, Le Magasin partage de Rosemont. Le prix de vente établi était inférieur au coût total de production.

Les dons de 89% de la production totale, soit 12 000 croquettes, ont été répartis avec la mobilisation de 11 organisations de l’Est de l’Île pour rejoindre plus de 900 foyers (projet PLAN de Bouffe action Rosemont, Église Beer Schéba, SSVP Saint-Léonard, Clic RDP, Centre d’aide nouveau départ, Église Baptiste de Rosemont, Armée du Salut, Église Mont Sinaï, Magasin Partage Saint-Léonard, ASVE, CCHM).

Nous observons une répartition géographique de l’offre de croquettes dans les arrondissements Rivière-des-Prairies, Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont, Saint-Léonard, Montréal-Est, Centre-Sud et Saint-Michel.

Potentiel

Une étude de marché institutionnel qui héberge des personnes vivant l’insécurité alimentaire dans l’Est de Montréal (CHSLD, CPE) a été réalisée en collaboration avec Professeur Jacinthe Cloutier et de son équipe de recherche de l’Université Laval. Ladite étude évaluait le comportement des consommateurs et la concurrence, et permettait de confirmer la valeur ajoutée des croquettes.

Les conclusions de cette étude soulignent que les croquettes représentent une alternative végétarienne rapide, efficace, avec des choix originaux de légumes et légumineuses et un apport nutritionnel adéquat. Les croquettes ne s’opposent pas à d’autres produits, donc il existe peu de concurrence, et elles viennent contrer le gaspillage alimentaire avec une alternative aux légumes congelés qui sont souvent offerts et peu populaires.

Autres contributions de l’Est‑Ô‑Maqué

Les croquettes sont un produit co-réfléchi et réalisé avec des spécialistes terrains qui côtoient les personnes en situation d’insécurité alimentaire. D’autres contributions de ce projet sont :
  • Le comité de partenaires pour prendre des décisions de manière collective et concertée et rendait possible la mobilisation des organisations impliquées.
  • De par sa nature innovante, les croquettes de légumes et légumineuses surgelées à forte teneur en légumes s’adressent à tous et non seulement à la population végétarienne.
  • Le projet s’appuie sur la recherche scientifique avec la participation de 4 universités (Université de Québec à Montréal, Université de Montréal, Université Laval, Université de Sherbrooke).
  • L’EOM s’inscrit dans la politique québécoise de gestion des matières résiduelles et des plans associés visant à réduire la quantité de matières organiques enfouies.
  • Pour les organisations qui ont participé à la transformation des croquettes, ce projet a permis de créer des synergies et d’accroître leurs activités.
  • Une partie des légumes utilisés dans les recettes des croquettes provenaient de grossistes qui ont pu réduire le gaspillage alimentaire.
  • Le Carrefour populaire Saint-Michel

Leçons apprises

  • Pour une mise en marché d’un produit provenant d’une entreprise privée, sans mutualisation, l’industrie compte 4 ans pour maturer celui-ci. Ajoutons à cela un contexte de pandémie mondiale, une structure de co-construction, l’implication d’une quinzaine de partenaires du secteur communautaire, une concrétisation si rapide du projet était un défi ambitieux.
  • La gestion de plusieurs flux de la chaîne logistique (approvisionnement, stockage et transport) est une grande compétence à acquérir. La maîtrise de cette chaîne requiert une communication fluide et une grande transparence, ce qui était parfois complexe.
  • La phase de recherche de l’emballage s’est avérée beaucoup plus complexe que prévu. Les possibilités présentées comme écoresponsables n’étaient pas disponibles pour ce type de produits et des options variées sur le marché étaient trop coûteuses.
  • La production des croquettes de légumes doit s’effectuer à très grande échelle afin que le projet soit financièrement viable.

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